Stade de Reims : quand la Champagne redevient effervescente | OneFootball

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Romain Welter·12 novembre 2019

Stade de Reims : quand la Champagne redevient effervescente

Image de l'article :Stade de Reims : quand la Champagne redevient effervescente

Depuis seize mois, le Stade de Reims étonne en Ligue 1. Ces prestations réussies feraient presque oublier que les Rémois bataillaient en CFA il y a 20 ans et devaient envisager une opération remontée de National en Ligue 2 il y a dix ans. Le chemin du retour vers l’élite, long et semé d’échecs, a permis aux dirigeants actuels d’apprendre et de bâtir bien plus qu’une simple équipe professionnelle : un club.

Du centre d’entraînement au staff en passant par le recrutement et les bureaux, les résultats actuels démontrent que les Rémois sont sur la bonne voie. Mais il reste quelques chantiers importants.


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Construire des fondations

Si les joueurs, les entraîneurs voire les dirigeants passent, un club de football pérenne se construit sur des fondations solides. La Ville de Reims et le Stade de Reims l’ont bien compris et ont pris les choses en main depuis le début des années 2000.

Le vieux stade Auguste Delaune, qui fait toujours rêver les nostalgiques, était alors dans un état déplorable et plus du tout adapté aux exigences du football professionnel moderne. En 2008, le nouveau stade Delaune a donc vu le jour avec ses 22 000 places. Une enceinte prête à accueillir tous les grands noms du football français et européen.

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Mais le stade est finalement un outil que les footballeurs professionnels n’utilisent que très rarement et il fallait aussi envisager une nouvelle vie au quotidien. Adieu les préfabriqués du complexe des Thiolettes, bonjour le « Centre de vie Raymond Kopa » en 2014. Le Stade de Reims s’est ainsi doté d’un vrai centre d’entraînement digne d’un club professionnel, un endroit qui permet de travailler sereinement tout en disposant du confort des meilleures « institutions » françaises.

Avec son budget raisonnable pour la Ligue 1, le Stade de Reims a également compris qu’il devrait miser sur la formation. Alors que les Champenois ne sortaient quasiment aucun joueur au début des années 2000 (hormis l’exception Lucas Deaux), ils sont plus nombreux à être devenus professionnels en étant éduqués au Stade de Reims, que ce soit Rémi Oudin, Jordan Siebatcheu ou encore Grejohn Kyei en attendant l’éclosion de Nathanaël Mbuku.

Se renforcer à tous les étages

Cette construction des fondations s’est accompagnée par un vrai travail de recrutement à tous les étages. Après le départ de l’homme à tout faire Olivier Létang au PSG en 2012, Jean-Pierre Caillot a peu à peu assemblé une équipe solide à ses côtés.

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Mathieu Lacour (présent au club depuis 2009) est devenu directeur général tandis que Benjamin Parot est arrivé en 2015 pour prendre en main la communication et le marketing. Ces deux hommes orchestres ont remodelé deux domaines importants d’un club professionnel : le recrutement et la communication. Depuis, le Stade de Reims est régulièrement plébiscité, à la fois pour ses idées, son inventivité et sa réactivité.

Sur le terrain, après des choix hasardeux (Vasseur et Der Zakarian), Caillot a décidé de faire confiance à celui qui avait mené la génération Siebatcheu en finale de la coupe Gambardella. Arrivé sur la pointe des pieds, David Guion a bâti un groupe à son image en toute humilité. Il a lui-même su s’entourer de gens compétents en recrutant l’ancien pro Stéphane Dumont comme adjoint et Laurent Bessière comme responsable de la performance.

Recruter intelligemment…

Tout ceci ne serait cependant rien sans résultat sur le terrain. Et depuis deux ans et demi, tout roule de ce côté. Dès son arrivée, David Guion a su forger une vraie identité à ce groupe avec une volonté de briller avant tout par le collectif.

Après une saison historique en L2 où l’équipe a battu de nombreux records, les mêmes recettes ont fonctionné en Ligue 1. Le Stade de Reims a pu s’appuyer sur deux socles : son recrutement et son identité de jeu.

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Fin octobre dans L’Equipe, Jean-Pierre Caillot rappelait ces mots de Mathieu Lacour à l’aune du retour dans l’élite : « Que voulez-vous faire en L1 ? Batailler toute la saison pour être autour de la 14e-15e place ? Ou être plus ambitieux et investir sur de jeunes joueurs, dans des transferts ? » Cette nouvelle dynamique de recrutement a permis d’attirer des profils qui évoluaient à l’étranger tels Björn Engels, Thomas Foket, Ghislain Konan, Moussa Doumbia, Predrag Rajkovic ou encore Arber Zeneli. Ces quatre derniers devraient d’ailleurs offrir de substantielles plus-values futures aux Champenois.

De plus, les Marnais se sont concentrés sur le domaine de la post-formation. Dans le onze titulaire actuel, deux joueurs sont ainsi arrivés à Reims alors qu’ils étaient majeurs mais avec une expérience quasi nulle du monde professionnel – Axel Disasi ne comptait que 3 matchs avec le Paris FC, Boulaye Dia évoluait en CFA.

… et cimenter un état d’esprit

Au-delà des qualités techniques, les dirigeants s’attellent à recruter des hommes qui peuvent rentrer dans le moule rémois. L’excellent défenseur central Yunis Abdelhamid le résumait ainsi pour France Football : « discipline, rigueur et solidarité ». Ces valeurs permettent notamment à Rajkovic d’être à la tête d’une des meilleures défenses d’Europe.

Le Stade de Reims évolue selon un système immuable où chacun sait parfaitement ce qu’il doit faire. Le taulier Abdelhamid accompagne le jeune Disasi en charnière, devant le mur serbe Rajkovic. Les deux latéraux ont des rôles sensiblement différents. Si le gaucher Konan monte volontiers, Foket est plus raisonnable et s’attelle avant tout à bien défendre.

Cette ligne de quatre est protégée par une paire de marathoniens composée du capitaine Romao et du sous-estimé Chavalerin. Ce dernier se projette aussi régulièrement vers l’avant.

Un trio de milieux offensifs se trouve en soutien du buteur Dia, qui a relégué Suk sur le banc depuis le début de la saison. Au gré des blessures et états de formes, Cafaro, Doumbia ou Dingomé accompagnent Oudin.

Les préceptes de jeu sont clairs : l’équipe évolue en bloc et presse collectivement selon les directives du capitaine Romao. Le jeu d’attaque se construit principalement sur des transitions rapides qui doivent permettre à Dia de trouver des espaces et à Oudin de se retrouver aisément en position de frappe.

Devenir moins lisible et susciter une passion

Tout n’est cependant pas rose à Reims. Malgré une belle huitième place la saison passée et une 8e pour l’instant, le Stade de Reims peine à susciter une vraie passion à domicile. Le Stade Delaune fait rarement le plein et les visiteurs ne sont pas vraiment embêtés par la verve des supporters locaux qui se comportent plus comme des spectateurs.

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Les dirigeants ont bien tenté de rendre l’enceinte plus vivante mais que ce soit au niveau du speaker, des animations de la mi-temps ou encore de cette 31e minute synonyme d’applaudissements (car le club a été fondé en 1931), tout semble assez factice et les Rémois doivent encore se creuser la tête pour trouver une solution innovative et appréciée de tous.

Sur le terrain, la marge de progression est connue de tous. Reims est une formation parfaitement bâtie, solide et qui sait exister à l’extérieur. C’est souvent plus difficile à domicile contre des formations moins réputées comme l’ont démontré la défaite contre Dijon et les nuls face à Nîmes et Angers.

Les Rémois doivent ainsi apprendre à développer de nouvelles cordes à leur arc pour réussir à dominer et étouffer les adversaires qui viennent en Champagne. Pour cela, Guion pourra notamment compter sur le retour du Kosovar Zeneli en 2020 et celui de Dingomé dans les prochaines semaines.

Avec des fondations désormais solides, les prochains grands chantiers du Stade de Reims devraient principalement concerner le jeu. Au bout du chemin, les Rémois peuvent espérer retrouver les compétitions européennes qui ont tant fait pour forger la légende de ce club historique.